février 25, 2020 5 Commentaires
Que faut-il pour construire comme un maître ? Comment un maître parvient-il à jongler avec autant de variables pour faire de la mise au point un processus fluide ?
Malheureusement, la plupart des maîtres ne peuvent pas expliquer leurs méthodes, car le dressage est une suite intuitive et tacite de pressentiments fondés sur une vaste expérience. Des milliers d'ajustements et de résultats doivent être observés avant qu'un constructeur puisse prétendre à la maîtrise.
La construction de roues s'apprend de cette manière depuis plus d'un siècle, tout comme l'apprentissage des langues étrangères se fait souvent par immersion. La répétition est efficace, mais ce n'est pas la méthode la plus rapide et votre expertise est limitée par ce que vous rencontrez. De plus, pour un enseignant, la répétition peut engendrer de mauvaises habitudes et l'ennui.
Existe-t-il une meilleure façon d'apprendre que la simple répétition ? Oui, en examinant d'abord attentivement les deux méthodes de construction dominantes.
TOUT A COMMENCÉ PAR UN ESPACE LUMINEUX
Le dévoilage par faible écart (ou dévoilage 2D) est la méthode dominante et largement répandue. Le mouvement de la jante est contrôlé en l'observant par rapport à un pied à coulisse réglable. Lorsque la roue tourne, le faible écart entre la jante et le pied à coulisse varie. Cet écart indique au monteur la position de la jante. On peut également se fier au son : le frottement de la jante contre le pied à coulisse révèle sa position.
Cette méthode de mesure de l'entrefer est dite « 2D » car elle se déroule en deux étapes distinctes : latérale (gauche et droite) et radiale (haut et bas). Chaque étape traite deux dimensions simultanément. Elle est accessible à tous, un pouce ou une pédale de frein peut servir de pied à coulisse, aucun instrument de mesure n'est nécessaire et l'être humain y excelle.
ET PUIS EST VENU LE NUMÉRIQUE
La seconde méthode est numérique : les ajustements sont basés sur la quantification du mouvement du bord. On parle de méthode « 3D » car les trois dimensions de la position du bord peuvent être gérées simultanément. Cette méthode nécessite l’aide du support, car les monteurs ne peuvent pas utiliser leurs yeux indépendamment les uns des autres, comme les caméléons.
Voici trois bancs de centrage permettant un centrage numérique. Le premier : le Villum, originaire du Danemark, historiquement utilisé en très grand nombre dans les usines Raleigh au Royaume-Uni.
Il y a ensuite le Preciray, venu de Belgique.
Le troisième support, et le seul moderne, est le P&K Lie, d'origine allemande.
Chacune de ces méthodes permet au constructeur de visualiser simultanément la rectitude latérale et radiale, ce qui permet d'effectuer moins d'ajustements, mais plus judicieusement. Il est possible d'améliorer les deux simultanément. Le dressage 2D consiste à corriger le faux-rond latéral en ignorant le radial, puis à se concentrer sur le radial sans tenir compte du latéral. Avec beaucoup de pratique, ce va-et-vient devient fluide, mais il exige davantage de corrections, généralement plus de temps et surtout une plus grande expérience.
PAS TOUT À FAIT EN 3D
De nombreux ateliers de réparation de vélos possèdent des supports de type Park TS-2.2 avec comparateur. Cependant, ces supports ne permettent pas un dévoilage 3D. Le problème des comparateurs réside dans leur précision : deux tours d'aiguille sur un comparateur métrique correspondent à un débattement de seulement +/- 1 mm. Si une roue présente un voile important, par exemple de +/- 1 mm, le comparateur effectuera plus d'un tour complet par rotation de la roue. Bien que ce voile corresponde au faux-rond réel de la jante, il est impossible de le mesurer avec précision et de l'utiliser pour le dévoilage, en raison du mouvement excessif de l'aiguille.
Ce système est utile uniquement pour un dévoilage précis en fin de fabrication ou pour le contrôle qualité d'une roue finie. Pour utiliser des comparateurs dès les premières étapes de la fabrication, Villum et Preciray proposent des affichages de grande taille. P&K Lie a conçu et breveté des horloges non linéaires dont les échelles affichent une grande course sur les bords et un mouvement fin au centre. Les horloges doivent être lisibles avec une précision de +/- 1 mm afin de pouvoir être utilisées dès les premières étapes de la fabrication, là où le gain de temps est le plus important. Exemple :
LE GRAND AVANTAGE DE LA 3D
Le dévoilage 3D réduit le nombre de réglages. Le faux-rond radial est idéal pour indiquer la tension relative des rayons : les bosses proviennent d'une tension plus faible et les creux d'une tension plus élevée. En tenant compte de ce défaut lors du dévoilage latéral, on peut effectuer des corrections plus efficaces.
Par exemple, lorsqu'un voile apparaît sur deux rayons de la jante gauche, la meilleure solution (sans connaître la tension des rayons) consiste à tendre le rayon droit et à desserrer le gauche. Le plus souvent, la jante est trop haute ou trop basse à cet endroit ; il est donc préférable de régler uniquement le rayon le plus tendu ou le plus desserré, afin d'uniformiser la tension tout en corrigeant le voile latéral et radial.
Voici un exemple du gain d'efficacité offert par le dévoilage 3D. Vous pouvez également pincer ou mesurer les rayons voisins pour obtenir des informations complémentaires. En commençant le processus dès que possible, lorsque la roue est fortement voilée, on peut considérablement réduire le temps d'intervention.
Nous avons commencé à utiliser un support Villum en 1981 sans formation préalable. Au bout d'un an, plus personne ne voulait monter ses roues autrement. Les roues n'étaient pas meilleures, mais le montage était plus rapide et plus facile. J'ai entendu des témoignages similaires concernant le support Preciray et maintenant, en tant que vendeur de P&K Lie, je l'entends constamment. Ces supports se vendent bien car ils sont plus rapides et plus faciles à utiliser pour la plupart des gens, surtout les moins expérimentés. On parle souvent d'un gain de temps de 20 à 40 %.
À VENIR — UN SYSTÈME ÉLECTRONIQUE
Ryan Kereliuk de SpokeService.ca (site proposant l'outil gratuit et très populaire de mesure de la tension des rayons) développe un système permettant de passer des supports TS-2 avec indicateurs au dévoilage 3D. Il espère le commercialiser courant 2020. Actuellement en phase de test bêta, j'en emmène un exemplaire aux ateliers techniques du salon CABDA 2020.
Remplacez les indicateurs à cadran de votre support de piste par des indicateurs numériques, connectez-les au boîtier de Ryan et connectez-vous au réseau Wi-Fi du boîtier avec votre appareil intelligent (téléphone, etc.). Vous pouvez visualiser la précision 3D à l'écran grâce à des indicateurs à cadran côte à côte (voir ci-dessus) ou à un affichage graphique. Le système se recalibre automatiquement en fonction du faux-rond actuel et se remet facilement à zéro. Restez à l'écoute : cette technologie révolutionnaire arrive bientôt sur le marché !
À EMPORTER
Que vous utilisiez ou non un système 3D dédié, tenez compte de ces informations essentielles lors de votre montage. Lors de toute correction latérale (d'un côté à l'autre), recherchez l'anomalie de tension correspondante. Même les tensiomètres latéraux TS-2 possèdent une encoche que vous pouvez aligner avec le coin de la jante pour visualiser simultanément les tensions latérale et radiale. La perception des anomalies de tension latérales est LA clé d'un montage d'expert. L'utilisation d'un support 3D est utile, mais la vigilance est le véritable atout. C'est ainsi que les monteurs experts ont fabriqué des roues exceptionnelles à travers les âges. C'est ainsi que les monteurs d'aujourd'hui peuvent décrire et partager leur savoir-faire. Demain, rares seront ceux qui se souviendront des débuts manuels et des écarts de tension légers de notre métier.
novembre 02, 2021
not sure the quality of dial, but this may be another option
¯\(ツ)/¯
https://www.aivee.fr/en/tools/54-wheel-truing-stand.html
novembre 02, 2021
I was the on-site mechanic atop Ebbet’s Pass during the 2015 Death Ride and had a rider walk in with a broken spoke. I used a fiberfix spoke to get the wheel back into (general) shape and then the brake pads to fine tune it (as much as possible – he, and I, were in a hurry).
When I started building wheels I used two pencils, rubber bands and a bicycle frame to true up the wheels. Then, for my birthday, my son got he a real wheel building rig. What a difference!
And now my retirement wish list includes a P&K Lie wheel building rig. I turn sixty-eight in two weeks and am anxiously awaiting, perhaps, just maybe, one of those spectacular wheel building rigs. Thanks for a great website.
novembre 02, 2021
I know that the issue of re-bending rims without spokes is rarely an issue today since rims are way more affordable now than ever, but what is the perspective of a master wheel builder on that technique?
Can a high end rim, if you have no other choice or just sentimentally connected to the rim and dont want to change it, be re-bent into shape after a more drastic lateral bend and achieve an acceptable spoke tension balance after final truing? What shapes, materials and depths of rim give better success and how stable are those “re-cold forged” rims in terms of material fatigue?
Thank you again for all the fascinating informations on this blog, Ive read it start to finish and it motivated me to pursue this skill even more.
novembre 02, 2021
I was lucky to find a Preciray stand while browsing Grant Petersen first Riven dell shop. Grant had sold it to a dealer but bought it back and sold it to me because I wanted to use it. This was my introduction to the 3D method . I found it revolutionary! Both in time and precision. I now have a P&K Lie stand which is the stand I always dreamed of.
Two other aids I depend on are the EVT centering tool and the Wheel Fanatyk Tensiometer.
I can’t see the advantage of a Park TS 3 stand with totally electronic dials??
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Alistair D Spence
novembre 02, 2021
Do you offer classes, showing how to build wheels using thins kind of stand?