juin 04, 2012
Bob Freeman, maître de la restauration chez Elliot Bay Cycles à Seattle, a réalisé un véritable tour de force. Sa Cinelli de 1961, tout juste terminée, est sans doute le plus bel exemplaire que j'aie vu. C'est un travail remarquable. Les restaurations de ce genre sont semées d'embûches, d'imprévus et de difficultés. Mais quand la machine, une fois restaurée, brille comme celle-ci, on sait que tous les efforts ont été récompensés. Vous trouverez ici 48 superbes photos de la moto.
Je dois dire que son choix de jantes est remarquable. Bob est disponible pour fabriquer des jantes en bois sur mesure, adaptées à tous les usages. Vous pouvez le contacter à Elliot Bay . Le bois n'est probablement pas l'équipement d'origine de la moto, mais il est italien et authentique. L'époque des jantes en bois s'est achevée à la fin des années 1940, début des années 1950. Cino Cinelli lui-même a sans aucun doute couru avec des jantes en bois, et ses cadres en étaient fréquemment équipés.
Sa couleur verte élégante, tirée du catalogue Cinelli, lui donne vraiment une allure parfaite dans le Nord-Ouest. J'adore les freins Universal Mod 61. J'en ai récupéré une paire en 1964, quand mon père m'a trouvé un Bianchi tordu. On a redressé le cadre à la maison et je l'ai finalement emmené à la fac. Ce vélo a été accidenté, mais j'ai gardé les freins et je les ai obstinément installés sur un Peugeot PX-10. Le PX-10 n'est plus là depuis longtemps, mais j'ai conservé les freins. Ma fille, Kristina, les a utilisés l'année dernière sur son vélo de ville, ici à Seattle. Il n'y a pas que les cadres de vélo dont l'histoire mérite d'être racontée.
Avant de quitter ce vélo impeccable, je tiens à rendre hommage au panthéon des grands noms du cyclisme italien. La génération qui a souffert de la Seconde Guerre mondiale comptait un type unique de surhomme industriel et culturel. Ces hommes faisaient de la compétition, fumaient, buvaient, conduisaient vite et nous ont légué l'esthétique même du cyclisme que nous apprécions aujourd'hui. Cino Cinelli (1916-2001) était un géant parmi eux. Compétiteur accompli, ses vélos élégants m'ont marqué plus que tout autre lorsque je suis tombé amoureux du vélo. Le fait que son principal distributeur aux États-Unis fût Spence Wolf, alors situé à Cupertino, n'y était pas étranger. La série de créations audacieuses de Cinelli s'est poursuivie pendant des années : selles Unica, pédales automatiques, cintres et potences au design classique, moyeux modulaires et une promotion dynamique.
Gino Bartali (1914-2000) fut une autre figure emblématique de cette époque. Sa vie héroïque est mise à l'honneur dans un nouvel ouvrage. Voici son histoire .
J'ai eu la grande chance de le rencontrer à Milan en 1991. Un homme petit, intense et d'une grande gentillesse. Cette époque serait incomplète sans Tullio Campagnolo (1901-1983), un innovateur à la fois bourru et influent. Il y a aussi Faliero Masi (1908-1999), un esprit aristocratique et généreux qui s'est rendu plusieurs fois en Californie pour soutenir nos efforts. Parmi les autres figures marquantes de cette période, on peut citer Fausto Coppi (1919-1960), qui nous a quittés bien avant que nous ayons pu le rencontrer. Fiorenzo Magni (1920-), autre esprit d'une générosité exceptionnelle, a couru sur des jantes en bois jusqu'en 1950 et a récemment contribué à la création d'un magnifique musée du cyclisme.
Ces pionniers semblaient plus grands que nature, tels des titans du cinéma hollywoodien. Ils avaient des homologues dans d'autres secteurs automobiles : Enzo Ferrari (1898-1988), les frères Ducati, etc. Pour un jeune Américain aux yeux écarquillés, la confiance, l'innovation, la qualité et la puissance esthétique de ces hommes, tant dans leurs produits que dans leur vie, étaient une source d'inspiration. Les Italiens continuent d'exercer une influence considérable sur le cyclisme, avec des marques comme Colnago, DeRosa, Pinarello, Sidi, Vittoria, Selle Italia, etc. Ce n'est pas tant leur arrogance flamboyante qui nous marque, mais plutôt leur capacité à transmettre cet héritage aux générations suivantes. Lorsque le cyclisme italien semble condamné, sur route ou à l'échelle industrielle, il parvient à prospérer. Peut-être est-ce grâce au Chianti.
Dave Coward, un cycliste Cinelli de longue date, m'a prêté l'une de ces pancartes qui était accrochée chez Wheelsmith à Palo Alto depuis 25 ans.
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